Perrine Poulet a été baptisée le 18 juin 1738 à Tours. Fille d’un marchand fabricant tourangeau, elle épouse, tout naturellement, le fils d’un autre marchand le 28 avril 1755 à Tours (>> consulter l'acte de mariage). Elle a 17 ans. Né à Tours le 22 janvier 1730, l’époux se nomme Jean Buttet, il a 25 ans. Fils cadet, il travaille avec son oncle Pierre Martin Buttet, négociant en étamines de laine à Nogent-Le-Rotrou (Perche).
Perrine met au monde deux filles, Perrine Françoise en 1756, et Marie Martine en 1758. Elle s’ennuie à Nogent-le-Rotrou et lit des livres. Dans les années 1770, lors d’un séjour à Paris, son chemin croise celui de l’avocat Nicolas Linguet, originaire de Reims. C’est un coup de foudre intellectuel qui se transforme en passion amoureuse.
Secrétaire de ducs et de princes, avocat en 1765, radié en 1775, journaliste et écrivain, Linguet a une personnalité complexe, difficile à cerner. On peut dire aussi qu’il a le don de se faire des ennemis par les causes qu’il défend, par l’arrogance et l’originalité de ses écrits.
En 1774, Perrine abandonne mari et enfants pour rejoindre Linguet à Paris. Elle s’impose à lui, semble-t-il, au début de leur relation, se brouille puis se réconcilie avec lui. Elle a rencontré quelqu’un avec qui elle peut enfin partager ses lectures, « les choses de l’esprit », la philosophie, et tout ce qui agite l’époque.
De plus, elle possède de quoi vivre, ce qu’il n’a pas et dont il profite du moins au début de leur relation. Elle devient ensuite sa compagne, et passe même pour être son épouse alors qu’elle est toujours mariée. « Bas-bleu, pédante, ridicule, laide, malpropre, mégère, femme adultère » et même « vieille tourterelle » …. Dans les textes qui nous sont parvenus, rien n’est épargné à Perrine pour, à travers sa personne, atteindre Linguet. Il est bien difficile deux siècles plus tard de faire la part des choses. Pendant vingt ans, elle accompagne Linguet dans toute son errance à travers l’Europe (Londres, Bruxelles …).