Balzac et…
Article mis en ligne le 14 janvier 2022

Balzac et la musique

 

Je ne suis rien musicalement parlant. […] Un livre de musique s’est toujours offert à mes regards comme un grimoire de sorcier. 

Honoré de Balzac, Lettre à M. Maurice Schlesinger, rédacteur de la Gazette musicale, 11 juin 1837

 

 

JJ GRANDVILLE, Thé artistique, assaisonné de grands hommes, bois gravé, publié dans Louis REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale, Paris, 1846, Saché, musée Balzac.

Balzac et ses amis musiciens

 

En 1831, Honoré de Balzac connaît son premier grand succès avec le roman La Peau de chagrin. Cette notoriété lui ouvre les portes des salons parisiens où il rencontre les autres personnalités littéraires et artistiques. Bien vite, il noue de belles amitiés avec les musiciens de son temps, comme Berlioz ou Rossini.

 

L’Opéra et « la loge des tigres »[1]

 

Il se découvre également une passion pour la musique. Avec quelques amis, il partage une loge à l’opéra et s’y rend trois soirs par semaine. Il écrit à Mme Hanska, sa bien-aimée :

 

Dans la profonde solitude où je vis, […] je me suis plongé dans la musique ; j’ai pris une place dans une loge à l’Opéra, et j’y vais deux heures tous les deux jours, la musique, pour moi, ce sont des souvenirs. Entendre la musique, c’est mieux aimer ce qu’on aime. […] c’est entendre la voix aimée. Aussi le lundi, le mercredi et le vendredi de 7h ½ à 10h, j’aime avec délices, ma pensée voyage. [2]

 

Annonce d’une première nouvelle musicale, Gambara

 

Encouragé par son amie George Sand, Balzac se lance dans la rédaction d’une nouvelle ayant pour thème la musique. Gambara est d’abord publiée sous forme de feuilleton dans La Revue et Gazette musicale de Paris à partir de l’été 1837. En introduction pour ses lecteurs, Balzac explique qu’il apprécie la musique pour les émotions qu’elle procure. Pour s’assurer de la justesse de son discours, il se fait aider d’un musicien, Jacques Strunz. Cependant, il refuse de se positionner en théoricien :

 

[…] j’ai toujours été tenté de donner un coup de pied dans le gras des jambes du connaisseur qui, me voyant pâmé de bonheur en buvant à longs traits un air chargé de mélodie me dit : C’est en fa majeur !

 

Bien vite, cette première publication est suivie d’une autre nouvelle musicale, intitulée Massimila Doni. Ces deux nouvelles témoignent de la profonde admiration de Balzac pour les opéras de Rossini.

 

Le piano

 

Balzac se fait aussi le témoin de l’importance grandissante du piano dans la société de son temps. En effet, au début du 19e siècle, les concerts publics sont encore rares : la musique est jouée principalement dans les salons.

 

Le roman César Birotteau nous donne l’exemple d’un personnage issu de la bourgeoise, qui s’est élevé dans la société, et qui marque sa réussite notamment par l’acquisition d’un piano pour sa fille. Dans Ursule Mirouët, Balzac rend compte de l’imperfection du piano et exprime ses propres réflexions sur la création artistique, sur l’interprétation et la réception d’une œuvre par le public.

 

Lire La Comédie humaine sous l’angle musical permet de découvrir la sensibilité de Balzac pour cet art, observer de quelle manière l’auteur évoque les grands musiciens, compositeurs et pianistes de son temps, comme Beethoven, Chopin et Liszt.

 

 

Christelle Bréion
Médiatrice au musée Balzac

 

 

[1] Dans une lettre à Mme Hanska datée du 13 juillet 1834, Balzac lui explique « notre loge […] s’appelle la loge des tigres, pardonnez-moi cette digression, mais je sais combien vous aimez à savoir les menus détails de la vie parisienne ».
[2] Lettre d’Honoré de Balzac à Mme Hanska, 1er juillet 1834.