De passage à Amsterdam, avec Ève Hanska, sa fille Anna et le comte Georges Mniszech, Balzac acquiert cette armoire chez un antiquaire nommé Boasberg, entre le 23 et 25 août 1845, alors qu'il habite encore sa maison à Passy, au 47 de l'actuelle rue Raynouard.
En 1848, elle est décrite dans la salle à manger de son hôtel particulier de la rue Fortunée, au rez-de-chaussée : « Une seconde armoire toute en chêne de Hollande de 1 m. 96 cent. de hauteur sur 1 mètre 50 cent. de largeur représentant l’Histoire de Joseph en 6 tableaux et ses vertus principales en six statues allégoriques le tout très richement sculpté et orné dans l’intérieur ; et dans la partie inférieure une caisse toute en fer 1 700 [fr] » où se trouvait l’argenterie de Balzac ! Elle est représentée sur une des aquarelles de Santi des intérieurs décorés de la demeure de la rue Fortunée, permettant de vérifier que l’armoire n’a pas subi de transformations. Certainement vendue après la mort de sa veuve en 1882, c’est ensuite qu’est apposée l’étiquette en métal au revers du vantail gauche : « Ce meuble a appartenu / à Honoré de BALZAC ».
L’armoire à deux corps, en chêne mouluré et sculpté, mesure 194 cm de haut et 152/75 cm. Les six panneaux sculptés racontent l’Histoire de Joseph, alors que les cariatides sommées de chapiteaux ioniques représentent des allégories. Une armoire, conservée au Rijkmuseum d’Amsterdam montre de grandes similitudes de construction et de décor. Datée de la première moitié XVIIe siècle, elle incite à reconsidérer celle de Balzac : atelier similaire ou source d’inspiration ? Nul doute que son analyse technique ne réserve des surprises !
Jean-Jacques Gautier
Cabinet ornemental aux motifs bibliques
Armoire à statues (Foi, Espérance et Amour en forme de caryatides).
Sur la frise Saint Georges et Marcus Curtius
Sur les portes des scènes de l'histoire de Suzanne
Chêne et ébène, vers 1630-1650
Amsterdam, Rijskmuseum (Inv. BK-NM-11448)